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Troubles des conduites alimentaires (TCA) : mieux comprendre pour mieux accompagner

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Les troubles des conduites alimentaires — souvent appelés TCA — sont des affections psychiques complexes qui touchent la relation à l’alimentation, au corps et aux émotions. Ils ne sont ni un choix, ni un « caprice », et nécessitent une véritable prise en charge pluridisciplinaire.

Qu’est-ce qu’un TCA ?

Un trouble des conduites alimentaires est une perturbation durable du comportement alimentaire (restriction, perte de contrôle, compulsions, compensations…) associée à une forte souffrance psychique.Il s’accompagne souvent d’une altération de l’estime de soi, d’une relation conflictuelle au corps, d’angoisses ou de mécanismes de contrôle.

Les TCA concernent toutes les tranches d’âge, tous les genres et toutes les morphologies — y compris des personnes de poids « normal ».

Éléments déclencheurs possibles

Il n’existe pas une cause unique, mais un ensemble de facteurs de vulnérabilité :

1. Facteurs individuels

  • Anxiété, perfectionnisme excessif

  • Difficultés émotionnelles, estime de soi fragile

  • Changements corporels rapides

2. Facteurs familiaux ou relationnels

  • Pression ou commentaires sur le poids

  • Conflits, insécurité affective

  • Attentes de performance

3. Facteurs sociaux et culturels

  • Idéaux corporels irréalistes

  • Réseaux sociaux, filtres, culture de la minceur

  • Pression des pairs

4. Facteurs événementiels

  • Harcèlement scolaire

  • Traumatismes

  • Périodes de transition (entrée au collège, rupture, déménagement…)

Quelle prévalence en France ?

Les estimations varient selon les sources, mais les études convergent vers des données globales :

  • Environ 5 à 10 % de la population présenterait un TCA au cours de sa vie.

  • L’anorexie toucherait environ 0,5 à 1 % des personnes.

  • La boulimie et l’hyperphagie seraient plus fréquentes, notamment chez les adolescents et jeunes adultes.

  • Les TCA chez les enfants et les adolescents augmentent depuis plusieurs années.

Ces chiffres restent des estimations, car beaucoup de TCA ne sont pas diagnostiqués.

Les TCA chez l’enfant et l’adolescent

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L’adolescence est une période de grande vulnérabilité : transformations corporelles, pression scolaire, recherche d’identité.Chez les plus jeunes, les symptômes peuvent être différents : évitement alimentaire, sélectivité extrême, angoisse autour de la nourriture, perte de poids non expliquée.

Quelques signes à surveiller :

  • obsession pour les calories ou le « manger sain »

  • sauts de repas

  • isolement pendant les repas

  • variations de poids rapides

  • crises alimentaires ou comportements compensatoires

  • discours très négatif sur son corps

Un dépistage précoce améliore grandement le pronostic.

Tour d’horizon des trois principaux TCA

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1. Anorexie mentale

Anorexie mentale. Définition selon le DSM-5 (version expliquée)

Le DSM-5 décrit l’anorexie mentale comme un trouble caractérisé par une restriction alimentaire importante, une peur intense de prendre du poids et une altération de la perception corporelle.Voici les trois grands critères, reformulés :

1. Restriction alimentaire entraînant un poids significativement bas

La personne limite son apport énergétique de manière durable, ce qui entraîne un poids nettement inférieur à ce qui est attendu pour son âge, son sexe, sa croissance et sa santé.Ce “poids bas” ne dépend pas seulement de l’IMC : le contexte clinique global compte.

2. Peur intense de prendre du poids

Même quand la personne est très mince ou en danger médical, elle ressent :

  • une peur forte et persistante de grossir

  • ou adopte des comportements actifs pour éviter toute prise de poids (restriction, exercice excessif, comportements compensatoires…)

3. Altération de l’image corporelle

La personne :

  • se perçoit comme “trop grosse” ou focalise sur des zones jugées “imparfaites”

  • laisse le poids ou la silhouette influencer de façon excessive l’estime de soi

  • nie parfois la gravité de son état (minimisation des risques liés au sous-poids)

Les deux sous-types selon le DSM-5

1. Type restrictif

  • Pas de crises de boulimie

  • Pas de comportements compensatoires comme les vomissements

  • La perte de poids est liée surtout au jeûne, à la restriction et/ou à l’exercice excessif

2. Type avec accès hyperphagiques/purgatifs

  • Présence de crises alimentaires (même de petites quantités)

  • et/ou utilisation régulière de vomissements provoqués, laxatifs, diurétiques, lavements…

Gravité (DSM-5, version simplifiée)

Elle est estimée principalement selon l’IMC chez l’adulte (adapté selon l’âge chez l’enfant/adolescent) :

  • Légère

  • Modérée

  • Sévère

  • Extrême

⚠️ Le DSM rappelle que la gravité est surtout clinique, pas seulement numérique.

En résumé

L’anorexie mentale selon le DSM-5 repose sur :

  1. restriction → poids bas

  2. peur intense de prendre du poids

  3. image corporelle altérée

C’est une maladie complexe, grave et multifactorielle, qui nécessite une prise en charge pluridisciplinaire.

Il serait le trouble le moins fréqunet mais le plus mortel.

2. Boulimie

Boulimie.Définition selon le DSM-5

La boulimie (ou boulimie nerveuse) est définie dans le DSM-5 par la présence d’épisodes de crises alimentaires incontrôlables, suivis de comportements compensatoires destinés à éviter la prise de poids.La personne vit ces épisodes avec une grande détresse.

Critères principaux

1. Crises de boulimie récurrentes

Une crise se caractérise par :

  • ingestion, dans un temps limité, d’une quantité de nourriture clairement plus importante que ce que la plupart des personnes mangeraient dans les mêmes circonstances

  • sentiment de perte de contrôle pendant la crise : impossible de s’arrêter ou de gérer ce qui est mangé

2. Comportements compensatoires inappropriés et répétés

Après les crises, la personne met en place des comportements destinés à éviter la prise de poids, tels que :

  • vomissements provoqués

  • jeûne strict

  • usage excessif de laxatifs, diurétiques ou lavements

  • activité physique poussée à l’excès

3. Fréquence minimale

Pour répondre aux critères du DSM-5, crises et compensations se produisent au moins une fois par semaine, sur une durée minimale d’environ trois mois.

4. Estime de soi fortement influencée par le poids ou la silhouette

Le poids ou l’apparence corporelle prennent une place disproportionnée dans l’évaluation de soi, et influencent fortement l’humeur et la confiance en soi.

5. Le trouble ne survient pas exclusivement pendant un épisode d’anorexie mentale

La boulimie est exclue si les comportements se produisent uniquement dans un contexte d’anorexie mentale avec poids significativement bas.

Gravité (selon le DSM-5, en résumé)

Elle est estimée principalement selon la fréquence des comportements compensatoires :

  • Légère : 1 à 3 fois/semaine

  • Modérée : 4 à 7 fois/semaine

  • Sévère : 8 à 13 fois/semaine

  • Extrême : 14 fois/semaine ou plus

⚠️ La gravité réelle dépend aussi de l’impact psychique, social et médical.

En bref

La boulimie selon le DSM-5 repose sur :

  1. Crises alimentaires incontrôlables

  2. Comportements compensatoires

  3. Fréquence hebdomadaire sur 3 mois

  4. Estime de soi centrée sur le poids/la silhouette

  5. En dehors d’un épisode d’anorexie

  6. Crises de suralimentation incontrôlables, suivies de comportements compensatoires(vomissements provoqués, laxatifs, jeûne, sport excessif)

  7. Cycle culpabilité → crise → compensation

  8. Poids souvent « normal », ce qui rend la maladie moins visible


Hyperphagie boulimique – Définition selon le DSM-5 (version expliquée)

L’hyperphagie boulimique (binge eating disorder) est un trouble caractérisé par des épisodes récurrents de prises alimentaires excessives, vécues avec une forte perte de contrôle — sans comportements compensatoires (pas de vomissements provoqués, pas de laxatifs, pas de jeûne forcé, etc.).

Il s’agit du trouble alimentaire le plus fréquent dans la population générale.

Critères essentiels (reformulés)

1. Crises d’hyperphagie récurrentes

Un épisode répond à deux caractéristiques :

  • consommation, en peu de temps, d’une quantité de nourriture clairement plus élevée que ce que la plupart des gens mangeraient dans un contexte similaire

  • sentiment de perte de contrôle : impossibilité de s’arrêter ou de gérer ce qu’on mange

2. Présence d’au moins trois comportements ou ressentis suivants

Pendant les épisodes, la personne peut :

  • manger plus rapidement que la normale

  • manger jusqu’à ressentir un inconfort physique important

  • manger sans avoir faim

  • manger seule par honte de la quantité ingérée

  • se sentir ensuite dégoûté(e), triste ou très coupable

3. Détresse marquée

Les crises entraînent une souffrance psychologique importante, un sentiment de perte de contrôle, de honte ou de détresse émotionnelle.

4. Fréquence minimale

Les épisodes surviennent au moins une fois par semaine pendant trois mois.

5. Absence de comportements compensatoires

Contrairement à la boulimie :

  • pas de vomissements provoqués

  • pas de jeûne compensatoire

  • pas d’exercice excessif dans un but de compensation

  • pas d’usage de laxatifs/diurétiques

Ce critère distingue clairement l’hyperphagie boulimique de la boulimie.

Gravité (selon la fréquence des épisodes)

  • Légère : 1–3 épisodes par semaine

  • Modérée : 4–7

  • Sévère : 8–13

  • Extrême : 14 ou plus

La gravité réelle dépend aussi de l’état émotionnel, de l’impact social et de la santé physique.

En résumé

L’hyperphagie boulimique selon le DSM-5 repose sur :

  1. Crises régulières avec perte de contrôle

  2. Au moins trois signes caractéristiques (vitesse, suralimentation, honte, manger sans faim…)

  3. Détresse psychologique forte

  4. Fréquence ≥ 1 fois/semaine pendant 3 mois

  5. Absence de compensations (→ différence avec boulimie)


Les limites du DSM-5

Le DSM-5 est le principal manuel diagnostique utilisé par les professionnels.Mais il présente des limites :

  • il catégorise des comportements qui sont en réalité continus

  • beaucoup de personnes ont des symptômes importants sans remplir tous les critères

  • il ne reflète pas toujours la diversité des vécus


Deux autres TCA fréquents non spécifiés

Ces troubles ne rentrent pas totalement dans les grandes catégories, mais sont tout aussi sérieux :

  • Orthorexie : obsession du « manger sain »

    Questionnaire d’orientation – Orthorexie (version simplifiée)

    Pour chaque affirmation, notez votre accord :

    • 0 = jamais

    • 1 = parfois

    • 2 = souvent

    • 3 = toujours

    A. Pensées et préoccupations autour de la nourriture

    1. Je passe beaucoup de temps à penser à ce que je vais manger.

    2. Je vérifie très souvent la composition ou les étiquettes.

    3. Je me sens anxieux/angoissé à l’idée de manger un aliment que je ne considère pas comme « sain ».

    4. Je pense qu’il existe des aliments totalement « bons » et totalement « mauvais ».

    5. Je cherche régulièrement des régimes ou modes alimentaires « parfaits ».

    B. Comportements alimentaires

    1. Je restreins de plus en plus d’aliments que je considérais auparavant comme acceptables.

    2. Je planifie minutieusement mes repas et j’ai du mal à improviser.

    3. Je refuse de manger certains aliments même quand j’ai faim ou que le contexte social s’y prête.

    4. Je prépare mes repas selon des règles strictes.

    5. Je ressens de la culpabilité si je mange un aliment « non sain ».

    C. Impact sur la vie quotidienne

    1. Mes règles alimentaires limitent ma vie sociale (sorties, invitations…).

    2. Je juge mes choix alimentaires comme un indicateur de ma valeur personnelle.

    3. Je me sens supérieur ou inférieur aux autres selon ce qu’ils mangent.

    4. Mon alimentation prend une place excessive dans ma vie quotidienne.

    5. Je ressens du stress si je ne peux pas suivre mes règles alimentaires.

    Interprétation indicative (non médicale)

    • 0 à 15 points : faible préoccupation — comportement alimentaire flexible.

    • 16 à 25 points : vigilance — certaines rigidités ou préoccupations émergent.

    • 26 à 35 points : préoccupations élevées — impact possible sur le bien-être.

    • 36 points et plus : niveau préoccupant — forte rigidité alimentaire, souffrance potentielle.

    ⚠️ Ces scores ne constituent pas un diagnostic. Ils permettent simplement de repérer une possible difficulté pour en parler avec un médecin, psychologue ou diététicien spécialisé.

    Signes courants associés à l’orthorexie (rappel)

    • Croyance que la santé dépend uniquement de la pureté alimentaire

    • Rigidité extrême, règles strictes

    • Anxiété sociale autour des repas

    • Exclusion de plus en plus large d’aliments

    • Culpabilité intense en cas “d’écart”

    • Sentiment de contrôle ou de supériorité lié à l’alimentation

    • Perte de plaisir alimentaire


  • Bigorexie : dépendance au sport

    Bigorexie : quand le sport devient excessif

    La bigorexie, ou addiction au sport, correspond à une pratique physique excessive et compulsive, accompagnée d’une grande souffrance si l’on ne peut pas s’entraîner.Ce n’est pas une “passion”, mais une perte de liberté.

    Principaux signes

    • Entraînements très fréquents, même blessé ou épuisé

    • Anxiété ou culpabilité si une séance est manquée

    • Organisation de toute la vie autour du sport

    • Besoin de performance ou obsession d’un corps “parfait”

    • Estime de soi dépendante des performances ou de l’apparence

    Liens avec les TCA

    La bigorexie peut accompagner des troubles alimentaires :sport utilisé comme compensation, contrôle strict de l’alimentation, obsession corporelle, rigidité extrême.

    Risques

    • blessures répétées

    • fatigue chronique

    • troubles hormonaux

    • isolement, anxiété, épuisement émotionnel

    Que faire ?

    Une prise en charge pluridisciplinaire est recommandée (psychologue, médecin du sport, diététicien).L’objectif : retrouver une pratique sportive saine, équilibrée et non compulsive.


L’iceberg des TCA

On compare souvent les TCA à un iceberg :

  • La partie visible : le comportement alimentaire

  • La partie cachée : émotions, traumatismes, anxiété, image de soi, perfectionnisme, pression sociale, attachement…

Travailler uniquement l’alimentation ne suffit pas : il faut comprendre ce qui se joue en profondeur.


Qui peut aider ? Les professionnels à consulter

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Une prise en charge efficace est pluridisciplinaire :

Professionnels médicaux

  • Médecin généraliste

  • Pédiatre

  • Psychiatre

  • Nutritionniste spécialisé TCA

Professionnels paramédicaux

  • Psychologue / psychothérapeute

  • Diététicien spécialisé TCA

  • Infirmier ou infirmière en santé mentale

  • Psychomotricien

  • Orthophoniste (enfants / ARFID)

Approches complémentaires

  • Thérapies familiales

  • TCC (thérapies cognitivo-comportementales)

  • Soutien social et scolaire

  • Ateliers d’estime de soi / gestion émotionnelle

Numéros et sites utiles

  • Maison des Ados (MDA) : accueil gratuit pour jeunes et familles

  • FNA-TCA (Fédération Nationale des Associations dédiées aux TCA)

  • STOP TCA : stoptca.fr

  • ENDAT TCA : www.endat.fr

  • FFAB : fédération française Anorexie et boulimie : 0810 037 037

  • Anorexie-Boulimie Info Écoute (ABIDE)

  • Pédiatres / CMP / CMPP locaux

Conclusion

"Un trouble n'a pas besoin d'être diagnotiqué pour être réel et vous faire souffrir !" Gorskie.Jéremy


Les TCA sont des maladies profondes, multifactorielles et souvent invisibles.Une personne qui en souffre n’a rien choisi : elle lutte.Plus la prise en charge est précoce, bienveillante et pluridisciplinaire, meilleures sont les chances d’amélioration.

Parler des TCA, c’est déjà briser une partie du tabou.

 
 
 

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